PMA et couple : comment préserver son lien dans l’épreuve 🥀
- Elise L.
- 25 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 juin
La Procréation Médicalement Assistée (PMA) est un parcours qui bouleverse profondément la vie d’un couple. Ce que l’on pense être un simple accompagnement médical devient rapidement une aventure émotionnelle intense, semée de doutes, d’espoirs, de douleurs et d’ajustements. Si elle rapproche parfois, cette épreuve peut aussi fragiliser l’intimité et la stabilité du lien conjugal.
Alors, comment préserver son couple dans cette tempête ? Comment rester unis quand le désir d’enfant prend toute la place ? Voici un éclairage complet, à la croisée du psychologique, de l’humain et du relationnel.
1. Comprendre la PMA : plus qu’un traitement, une expérience existentielle
La PMA englobe diverses techniques médicales visant à aider les couples infertiles à concevoir : insémination artificielle, fécondation in vitro (FIV), dons de gamètes… Si la médecine avance, elle ne garantit pas toujours le succès.
Mais au-delà de l’aspect médical, la PMA est une épreuve existentielle : elle touche au plus intime de soi, à la capacité de transmettre la vie, à l’identité de femme, d’homme, de couple. Elle réactive parfois des blessures profondes : sentiment d’échec, d’injustice, perte de contrôle sur sa vie.
2. Le couple à l’épreuve : un déséquilibre parfois insidieux
Chaque membre du couple vit la PMA à sa manière. Et c’est dans cette différence de ressenti que le lien peut s’abîmer.
a) Des rôles inégaux
Dans les couples hétérosexuels, la femme subit le poids des traitements hormonaux, des examens invasifs, du calendrier. Elle peut se sentir physiquement et psychiquement épuisée. L’homme, souvent moins impliqué médicalement, peut se sentir en retrait, impuissant ou frustré.
Ce décalage crée parfois une asymétrie émotionnelle : l’un s’effondre, l’autre se veut fort – au risque d’ignorer ses propres émotions.
b) Des émotions taboues
Colère, jalousie envers les femmes enceintes, honte, désespoir, sentiment d’injustice… Ces émotions sont naturelles, mais peu exprimées. Par pudeur, par peur de blesser l’autre, ou parce qu’on pense qu’il faut « rester fort ».
Ce silence émotionnel peut créer une distance affective : chacun souffre dans son coin, pensant protéger l’autre, et finit par se sentir seul.e.
c) Une sexualité perturbée… mais aussi une intimité bouleversée
Il est crucial de ne pas réduire l’intimité du couple à la seule sexualité. Pendant un parcours PMA, l’intimité globale – physique, émotionnelle, affective – est souvent mise à mal. Tout devient pesé, mesuré, contrôlé. Et cela affecte plusieurs sphères :
L’intimité émotionnelle : chacun se replie sur soi, redoutant de blesser ou d’alourdir le quotidien de l’autre.
L’intimité physique : les câlins, les gestes tendres, les étreintes s’estompent, parfois remplacés par des gestes techniques ou une distance protectrice.
L’intimité spirituelle : cette connexion profonde de projet, de valeurs et de vision commune peut être brouillée par le stress et la fatigue.
La peur de l’échec, le sentiment de honte face à son corps médicalisé ou le rejet de soi-même peuvent aussi nuire au sentiment d’être aimable ou désirable.
La vraie question devient alors : comment rester proches, quand le corps devient un champ de bataille, et le cœur un champ de doutes ?
3. Clés pour préserver le lien dans la tempête
Préserver son couple pendant la PMA est un travail actif et conscient. Voici plusieurs axes d’actions puissants et concrets :
a) Prioriser la communication émotionnelle
Parler, oui. Mais vraiment parler. C’est-à-dire partager ses ressentis profonds, même (et surtout) quand ils ne sont pas politiquement corrects. Cela demande du courage, mais c’est le seul moyen de rester connectés de cœur à cœur.
Quelques pistes :
Instaurer un rituel hebdomadaire pour se parler sans distractions.
Utiliser des phrases en "je" : « Je me sens triste », « J’ai besoin de réconfort », « Je suis en colère contre la situation ».
Accepter d’entendre l’autre sans chercher à répondre ou à consoler immédiatement.
b) Nourrir l’intimité au sens large
La sexualité n’est qu’un volet de l’intimité. Il est possible – et précieux – de renforcer d’autres formes de proximité :
Créer des rituels d’intimité non sexuels : se masser les mains le soir, prendre une douche ensemble, danser dans la cuisine, s’endormir enlacés…
Réapprivoiser son corps et celui de l’autre : redécouvrir la tendresse sans objectif, réinvestir le plaisir de se toucher sans but reproductif.
Raviver le désir autrement : écrire des mots doux, se surprendre, se dire ce qu’on aime chez l’autre, se séduire à nouveau.
Dans certains cas, une pause sexuelle consentie (et encadrée dans un climat de sécurité) peut aussi faire du bien, pour désamorcer la pression et retrouver la spontanéité. Ce n’est pas l’absence de rapports qui tue le couple, mais l’absence de lien.
c) Créer des bulles d’oxygène hors PMA
La PMA ne doit pas être l’unique sujet de conversation, ni l’unique projet du couple. Il est vital d’avoir :
Des projets communs indépendants : voyages, rénovation, passions partagées.
Des espaces de détente sans parler du parcours : une soirée par semaine sans mentionner la PMA.
Cela permet de reprendre de la légèreté, de se rappeler pourquoi on s’aime.
d) S’entourer et se faire accompagner
Le couple n’a pas à porter seul ce poids. Il existe :
Des groupes de parole spécialisés.
Des thérapeutes formés à l’accompagnement du parcours PMA.
Des lectures inspirantes, des podcasts, des témoignages d’autres couples.
Demander de l’aide n’est ni une faiblesse ni un échec, c’est une preuve de maturité affective.
4. Préparer toutes les issues… pour renforcer le lien
Il est aussi important de parler de toutes les possibilités : succès, échec, adoption, arrêt du parcours, projet sans enfant.
Ces conversations peuvent faire peur, mais elles solidifient le socle conjugal. Elles permettent de se redire qu’avant tout projet parental, il y a un projet de vie à deux.
5. Ce que cette épreuve peut révéler de votre couple
La PMA agit comme un révélateur : de vos forces, de vos blessures, de vos dynamiques. Certains couples en sortent plus soudés, plus matures, plus ancrés. D’autres, malheureusement, se rendent compte qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde.
Dans tous les cas, ce parcours peut être une opportunité de grandir ensemble : en conscience, en communication, en amour.
Conclusion : aimer, malgré tout
Le désir d’enfant est noble. Mais il ne doit pas devenir un combat qui nous fait perdre le sens de notre amour. Le couple est la source, le refuge, le premier terreau de vie. Il mérite attention, soin, et respect, même au cœur du chaos.
N’oubliez pas : le lien qui vous unit est précieux. Il peut survivre à l’attente, à la douleur, à l’incertitude – s’il est nourri avec douceur, sincérité et présence.
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